Enseigner en classe hétérogène

Publié le 4 septembre 2023

 

 

Enseigner en classe hétérogène, un défi pour bien des enseignants. Et si la pédagogie différenciée pouvait aider ?

 

L’hétérogénéité des élèves

 

L’hétérogénéité des élèves est une réalité pour beaucoup d’enseignants. Vous la ressentez très certainement dans vos classes où vous constatez parfois de grandes disparités de maturité, de motivation, de niveau ou de mode d’apprentissage.

 

Le principe de l’enseignement primaire est de fonctionner avec un tronc commun pour tous les élèves. Ce tronc commun va être renforcé dès la rentrée de septembre 2022 pour les 1ère et 2e primaires dans le cadre du Pacte pour un enseignement d’excellence. A terme, la volonté est que les élèves suivent les mêmes programmes de cours jusqu’à la fin de la 3e secondaire en Fédération Wallonie-Bruxelles. Le constat est là : « les pays qui gèrent l’hétérogénéité par la séparation (options et orientation précoces, redoublement) ont de moins bons résultats moyens et génèrent plus d’inégalités socio-économiques ».

 

Avec un tronc commun jusqu’à 15 ans et le redoublement comme mesure exceptionnelle, l’hétérogénéité des élèves devient la norme, dans une volonté de la considérer de manière plus inclusive. Alors, même si l’on sait que la diversité est une richesse, ce n’est pas toujours facile de jongler avec des niveaux drastiquement différents au quotidien dans sa classe, surtout quand elle se compose d’une vingtaine d’élèves. Il vous arrive d’avoir l’impression de gérer des assiettes chinoises en équilibre ? C’est normal ! Mais l’hétérogénéité des élèves est un fait et notre société est foncièrement diverse et multiculturelle alors comment en faire une opportunité ?

 

« La richesse est dans la différence. » Albert Jacquard

 

La pédagogie différenciée en réponse à l’hétérogénéité

 

En réalité, de nombreux enseignants ont déjà trouvé des solutions. Face à cette hétérogénéité des élèves, ils appliquent de manière naturelle et intuitive, la pédagogie différenciée.

 

Vous le savez, la pédagogie différenciée consiste à travailler une compétence de manière différente, en fonction de l’élève.  Il ne s’agit pas de rogner sur la qualité de l’enseignement dispensé, mais de proposer des situations d’apprentissage adéquates à l’élève. Cela implique de fonctionner avec des activités différenciées selon les niveaux pour tenir vraiment compte de la réalité de la classe.

 

Avec des classes parfois surpeuplées, cela peut en fait être une opportunité car le principe de la pédagogie différenciée est que le professeur n’est plus le seul au centre de l’enseignement. Il fonctionne davantage comme une ressource pour aider les élèves à parvenir au résultat. C’est l’élève ou l’activité qui prend le rôle central. 

 

Mais comment, vous demandez-vous ? C’est parti pour quelques suggestions !

Comment mettre en place une pédagogie différenciée ?

La pédagogie différenciée est l’un des gros enjeux de l’enseignement d’aujourd’hui. Est-ce que ça représente du temps, du travail, de la souplesse et son lot de difficultés ? Sans aucun doute ! Ce n’est pas un remède miracle et la pédagogie différenciée implique aussi de remettre en cause une certaine vision de l’enseignement traditionnel. Mais cela peut mener à quelques belles victoires et c’est l’une des solutions les plus efficaces pour répondre à l’hétérogénéité des élèves.

 

Connaître en profondeur les élèves

 

Mettre en place une pédagogie différenciée suppose de connaître en profondeur les élèves en tant qu’apprenants, mais aussi qu’individus pour créer un climat de confiance propice aux échanges. Cela passe, par exemple, par un pré-test pour connaître leur niveau au moment T sur une compétence. Cela permet, de manière assez fluide, de créer des binômes ou des groupes de niveau. C’est le principe des groupes de besoin dans la méthode Elan Français. Pour la lecture, chaque élève reçoit un texte de même sens mais aux difficultés adaptées à ses compétences propres, selon son groupe.

Varier les supports et les approches

 

Nous ne sommes pas tous sensibles aux mêmes types de contenus, d’où l’importance de les varier. Cela passe par des supports de lecture avec différents niveaux de lisibilité, par le recours à l’audio, à des infographies, à la vidéo ou à du matériel de manipulation…

De même, on peut faire varier les conditions de réalisation de l’activité :  le temps, l’autonomie, les outils, la difficulté, la pratique en individuel ou en collectif… Par exemple, chez Van In, nous avons créé la plateforme en ligne Wazoo sur laquelle chaque élève peut s’entraîner avec des exercices adaptés à son niveau.

 

Mesurer le progrès

 

L’évaluation, elle aussi, est différenciée car le principe est de mesurer le progrès de l’élève par rapport à lui-même et non à la norme. Elle fournit à l’élève des clés qui lui sont propres pour progresser et combler ses lacunes. L’évaluation différenciée se veut motivante dans la mesure où elle donne à l’élève un défi qui lui est accessible, qui se trouve dans sa zone proximale de développement et non un objectif totalement hors de sa portée. Un peu comme si on vous demandait de cuisiner dans un restaurant étoilé alors que vous maîtrisez à peine la cuisson des œufs…Mais si l’élève sent que le défi est réalisable alors ça peut le motiver. L’évaluation s’apparente davantage à un tableau de progression, qui peut d’ailleurs s’afficher en classe (sous la forme d’un bonhomme qui grandit, par exemple).

 

Le pacte d’Excellence entend créer plus de liens entre les matières. Ça tombe bien, une bonne collaboration entre enseignants est cruciale pour enseigner en classe hétérogène avec la pédagogie différenciée. N’hésitez pas à nous partager vos astuces et bonnes pratiques !

 

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